Intervention de Christie Morreale sur l'analyse de la Déclaration de Politique Régionale lors de la séance plénière du 17 juillet

17/07/2024 - 14:34
Groupe Socialiste du Parlement de Wallonie - Intervention de Christie Morreale sur l'analyse de la Déclaration de Politique Régionale lors de la séance plénière du 17 juillet

Monsieur/Madame le Président,

Mesdames et messieurs les membres du gouvernement,

Chers collègues,

 

Monsieur le Ministre-président,

Permettez-moi, tout d’abord, de vous féliciter pour vos nouvelles fonctions, même si, après toutes ses déclarations, nous aurions pu espérer que monsieur Bouchez prenne ses responsabilités comme il l’avait pourtant dit pendant la campagne.

Nous vous souhaitons donc de ne pas subir la participopposition d’un président « extérieur » critiquant en permanence les décisions de votre gouvernement. Et surtout on attend de vous que vous n’agissiez pas le doigt sur la couture du pantalon en attendant la ligne de votre président de parti, (d’autres ont payé leur poste de Ministre pour ça d’ailleurs). C’est le Gouvernement qui doit agir sans pilotage extérieur.

 

Le Groupe PS a analysé votre déclaration de politique régionale, sans a priori et avec le souci de la nuance et de l’intérêt général.

 

L’électeur a parlé. Il a permis la constitution d’une majorité de droite en Wallonie.

Nous en prenons acte, et c’est sans amertume que je m’exprime aujourd’hui au nom du groupe socialiste.

 

Forts de la confiance de quelque 560 000 citoyens, les socialistes entendent rester eux-mêmes, c’est-à-dire une force de travail et un parti de responsabilités dont l’objectif cardinal est le bien-être de toutes et tous.

 

Nous avons subi trop de radicalisation des positions, il faut être capable de prendre de la hauteur, mais aussi de PARLER VRAI SANS DUPER LES GENS.

On attend d’une déclaration de politique régionale, qu’elle ouvre des perspectives mais aussi qu’on les modéliser, les balise et les budgétise.

 

Tel devrait être l’objet d’une DPR car, en l’occurrence, la plupart de ces qualités manquent au projet que vous nous présentez.

Vous aviez, Monsieur le MP, la tribune pour la première fois lundi, c’était l’occasion de marquer les esprits et de montrer votre vista, votre projet concret pour la Wallonie. Mais vous avez brassé des généralités. Rien sur le fond de votre feuille de route, contrairement à la MP FWB qui a donné une trame.   

 

Quelle est votre trajectoire budgétaire ? 

Force est de constater que c’est le flou qui prévaut.

Vous nous la cachez ou, pire, elle n’existe pas !

 

Pourtant, monsieur le Ministre-président, vous avez les données sous la main, puisqu’avec votre parti, vous gérez le département des finances depuis sept ans. 

 

Votre gouvernement entend à la fois 

1)             réduire les recettes fiscales de 700 millions ;

2)             augmenter les dépenses dans diverses politiques ;

3)             et, « en même temps » (comme dirait quelqu’un), réduire de moitié le déficit et l’endettement.

Il y a, dans cette équation, une inconnue !

Mais chacun la devine : des économies majeures vont devoir être réalisées.

 

Si, comme l’annoncent vos présidents, la réduction du déficit est de 50 % d’ici à 2029, un effort d’1,5 milliard devra être réalisé, auquel s’ajouteront les 700 millions de recettes perdues du fait de la réforme des droits d’enregistrement et des droits de succession.

Ce sont donc déjà 2,2 milliards qu’il faudra trouver.

 

Il faut y ajouter une enveloppe pour les politiques que la DPR dit vouloir renforcer et prévoir un effort en faveur de la Fédération Wallonie -Bruxelles, si l’on a bien entendu vos présidents.

On avoisinera donc les 2,5 milliards… sur un budget de 21 milliards aujourd’hui. 

 

Ce sont donc plus de 10 % du budget annuel régional qui devront être trouvés pour boucler l’équation d’ici à 2029.

 

Comment ?

La DPR est muette. Vos présidents de parti ne sont pas plus diserts. Et les documents budgétaires annoncés jeudi ne sont toujours pas disponibles.

 

Qui peut croire qu’on bouchera un trou de 2,5 milliards sans taxes nouvelles, en réduisant les gouvernements de trois ministres et de quelques membres de cabinet, en fusionnant quelques structures publiques, en supprimant quelques postes de conseillers communaux, en diminuant les budgets dits facultatifs qui ne représentent que quelques dizaines de millions d’euros, et même en supprimant l’indexation des APE du secteur public ?

 

Ayez le courage — ayez l’honnêteté ! — d’éclairer les Wallons sur ces sujets qui vont les concerner directement et à quelle sauce ils vont être mangés.

 

Manifestement vous êtes plus motivés à expliquer vos promesses fiscales et vos mesures symboliques qu’à expliquer comment vous les financez. Forcément car le faire vous imposerait de prononcer un mot : austérité !

Austérité et perte de pouvoir d’achat pour les citoyens, les classes moyennes, les travailleurs du secteur public, de l’associatif, les familles, les demandeurs d’emploi, les malades de longue durée, les locataires…

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Constructivement, nous pouvons partager plusieurs de vos orientations, qui s’inscrivent souvent dans la continuité des politiques du précédent gouvernement.

 

Je me concentrerai donc sur les principaux points d’inquiétude et d’opposition que suscite votre DPR. Le temps imparti ne me permet pas d’être exhaustive. 

 

SANTÉ

 

Concernant la santé, qui est notre bien le plus précieux, je me réjouis bien sûr de lire que vous continuerez à augmenter les budgets de la prévention, que j’avais moi-même déjà doublés.

 

En revanche, nous nous interrogeons sur le retour de la taxe autonomie.

 

Vous ressortez cette idée chère au CDH depuis 2017, mais sans en préciser le modèle.

 

Quel sera le montant mis à charge des citoyens ?

À quelles prestations la taxe donnera-t-elle droit ? S’agira-t-il de prestations additionnelles à celles déjà accessibles ou payera-t-on pour la même chose ?

 

Ce qui est clair, c’est qu’une nouvelle taxe va être imposée à tous les citoyens !

Pour le reste, pas l’ombre d’une explication dans votre DPR, et l’annonce d’un renvoi en toute fin de législature.

Ce qui nous inquiète aussi, c’est que le secteur de l’aide à domicile n’est envisagé qu’au travers de cette taxe autonomie. 

Faut-il en déduire que vous n’entreprendrez rien pour rencontrer les besoins croissants de ce secteur et des bénéficiaires, en attendant sa création, annoncée pour 2030 ?

 

Enfin, ce qui nous choque profondément, c’est votre annonce sur les malades de longue durée.

 

Il s’agit en majorité de personnes âgées de plus de 50 ans, souvent des femmes, avec une perte de capacité de travail évaluée à 2/3 et souffrant de troubles musculosquelettiques ou mentaux ; des personnes usées par la pénibilité de leur travail.

Nous parlons des aide-ménagères, des infirmières, des aides-soignants, des ouvriers à la chaîne, des métiers de la construction…

 

Vous indiquez votre volonté, d’inscrire chaque travailleur déclaré définitivement inapte par la médecine du travail dans un programme d’accompagnement en vue de sa réinsertion professionnelle.

 

Faut-il rappeler qu’un travailleur déclaré définitivement inapte au travail n’a plus, par définition, les capacités suffisantes pour exercer son métier.

 

Vous allez donc stigmatiser des personnes qui, en plus d’être victimes d’une dégradation de leur santé, vont être odieusement culpabilisées si elles ne se remettent pas au travail.

 

Je vais vous dire : même la N-VA, dans son programme, ne veut pas aller aussi loin !

 

Après avoir entendu votre plaidoyer en faveur de la rationalisation des structures et du paysage politique, permettez-moi de vous faire part d’une déception. 

Dans vos programmes respectifs, vous aviez plaidé pour la refédéralisation des compétences « Prévention santé ».

Votre DPR n’évoque pourtant ni refédéralisation ni même régionalisation avec un pôle santé commun de l’enfance à l’âge adulte. 

C’était pourtant un moyen de répondre à la critique des « neuf ministres de la santé ». 

Et vous avez même failli conserver deux ministres de la santé, jusqu’au rétropédalage imposé par l’amateurisme sur la composition des gouvernements. Décidément vous avez un problème avec la notion de mixité !

 

ACTION SOCIALE

 

En action sociale, le précédent gouvernement a pu conclure avec le non-marchand un accord historique de 260 millions récurrents et indexés. Ce qui a permis de revaloriser de nombreux travailleurs, d’octroyer des réductions du temps de travail, et d’engager du personnel pour améliorer le service aux bénéficiaires et alléger la charge de travail des équipes.

 

Première question : les montants de cet accord continueront-ils bien à être indexés, comme nous nous y sommes engagés auprès du secteur ?

 

Deuxième question : la DPR évoque la négociation d’un nouvel accord durant la seconde moitié de la législature.

C’est un élément positif, mais nous nous interrogeons sur ce calendrier ? Faut-il comprendre que les moyens pour cet accord n’ont pas encore été trouvés ? 

 

En matière de lutte contre le sans-abrisme, pour laquelle nous avions dégagé des moyens sans précédent, nous accueillons bien sûr favorablement vos promesses qui en première analyse semblent s’inscrire dans la continuité.

 

Cela étant, une fois encore, qui dit renforcement et pérennisation des politiques implique de dégager les moyens de le faire… Où sont-ils ?

 

AINÉS

 

Nous sommes aussi inquiets pour nos aînés qui devront entrer en maison de repos.

 

La DPR évoque des collaborations entre secteurs, le transfert et la réaffectation de places disponibles…

Mais ne nous leurrons pas ! Ces mécanismes visent à faire sauter le verrou du quota maximum de 50 % pour le privé commercial, instauré afin d’éviter une marchandisation à outrance ! 

 

C’est essentiel car les prix journaliers dans le secteur privé sont plus élevés.

Vous annoncez donc un recul social, et le risque de voir barré l’accès à la maison de repos pour certains aînés.

 

D’autant plus que la DPR ne contient pas de garantie sur l’accessibilité financière, ni de garantie de contrôle pour plafonner les frais facturés aux résidents. 

 

Rien non plus contre la maltraitance des aînés en maisons de repos, alors qu’on se souvient tous des dérives de certains groupes du secteur privé (ORPEA).

 

EMPLOI

 

En matière d’emploi, nous pouvons évidemment partager l’objectif poursuivi, à savoir d’atteindre un taux d’emploi de 80 % à l’horizon de 2030.

Dans votre intervention de ce lundi, vous avez cependant évoqué un objectif de 70 %, avez-vous déjà revu vos ambitions à la baisse ? Pouvez-vous clarifier ce point ?

 

Reste aussi à savoir comment atteindre ces 80 %, dès lors qu’ils impliquent la création de 300 000 emplois additionnels.

 

Nous portons le projet d’une société où chacune et chacun peut trouver, sans discriminations, un travail conforme à ses aptitudes, son âge, son état de santé et son savoir-faire.

 

Nous défendons un travail de qualité qui permette de s’épanouir, de progresser, de se sentir utile et reconnu.

Un travail qui laisse aussi du temps pour soi et pour ses proches.

 

C’est le sens des réformes que nous avons menées avec l’ensemble du secteur, et qui portent leurs fruits puisque le nombre des demandeurs d’emploi indemnisés en Wallonie a baissé de 13%, avec 108 000 personnes contre 124 000 en 2019.

 

Je pense aussi à cette énorme réforme de l’accompagnement des chercheurs d’emploi que nous avons mené, que nous avons intensifié et dynamisé et que vous souhaitez poursuivre.

Je dis « poursuivre », car, hormis un entretien prévu après un mois avec le demandeur d’emploi, rien de ce que vous annoncez n’est nouveau.

 

Un accompagnement intensif et de qualité : voilà la politique qui a montré les meilleurs résultats sur le terrain !

 

Il suppose que l’ensemble des acteurs de l’accompagnement puissent continuer d’agir de manière efficace, en confiance et avec des moyens suffisants.  Certaines déclarations montrent que nous devrons être vigilants à cet égard.

 

En amont, c’est évidemment toute la question de la formation qui se pose. Et, à ce sujet aussi, votre feuille de route nous laisse perplexes.

 

La formation en alternance est présentée comme le Graal. C’est légitime. Vous nous annoncez une grande réforme du paysage de la formation professionnelle et de l’enseignement qualifiant en lien avec le gouvernement communautaire, en vous appuyant sur l’état des lieux dressé sous la dernière législature.

 

Très bien. Mais votre DPR annonce déjà que, vu l’ampleur du chantier, les budgets seront insuffisants, comme la capacité de gestion du changement… Et qu’il faudra au moins deux législatures pour mettre en place ce qui est proposé. Et d’ajouter que les contraintes budgétaires ne permettent pas non plus d’envisager un refinancement de ces politiques.

 

Annoncer une réforme présentée comme centrale tout en précisant qu’elle ne pourra pas se faire faute de temps et de moyens, cela a le mérite d’être clair, mais c’est du jamais vu ! Vous renoncez avant même d’avoir essayé !

Difficile, après cela, de prétendre que l’emploi est au cœur des priorités du nouveau gouvernement !  

L’autre levier pour augmenter le taux d’emploi est de prendre à bras le corps le chômage de longue durée.

 

Les nouveaux partenaires avaient clairement indiqué, durant la campagne, que leur solution était de limiter à deux ans des allocations de chômage. Et ce, malgré toutes les études qui démontrent que cela ne ramène pas les personnes au travail mais qu’au contraire, cela les précipite dans la précarité.

 

Nous n’avons donc pas été surpris de lire que vous anticipiez une révision de la législation fédérale en ce sens. 

Mais nous ignorions encore qui, du MR ou des Engagés, allait convaincre l’autre quant à ce qu’on allait faire après ces deux ans.

Le MR prônait un renvoi vers les CPAS, tandis que Les Engagés proposaient un emploi public, privé ou associatif, en prenant pour exemple notre expérience des « territoires zéro chômeur de longue durée ».

 

Nous devons bien constater qu’il semble que ce soit la thèse du MR qui l’a emporté : aucune trace, en effet, d’une offre d’emploi au demandeur exclu des allocations.

Et, pire encore, plus aucune mention du dispositif d’aide à l’emploi « Tremplin 24 mois + » qui encourageait les employeurs à recruter ces chômeurs de longue durée.

Aucune mention non plus du dispositif « territoire zéro chômeur ». 

Le gouvernement semble se décharger de toute responsabilité en la matière, renvoyant aux CPAS la tâche de se débrouiller seuls avec ce nouveau métier. 

Eh bien, Mesdames et Messieurs des engagés, je ne serais pas fiers d’avoir déjà abandonné vos thèses en matière d’emploi à la porte du pouvoir ! 

Autre cible du gouvernement : les 70 000 travailleurs APE qui rendent pourtant des services de proximité, essentiels à la société. On pense aux crèches, à l’accueil extra-scolaire, aux maisons de jeunes, aux écoles de devoir, aux plaines de jeux, aux services sportifs, aux services sociaux… J’en passe.

 

Avec l’annonce du retour de la réforme APE telle que portée par Pierre-Yves Jeholet en 2017, nous faisons un saut en arrière de sept ans, avec les mêmes inquiétudes pour des milliers de travailleurs et d’employeurs.  

 

Ce dispositif APE a pourtant fait l’objet d’une réforme largement concertée lors de la précédente législature, saluée par les secteurs, et qui garantit à la fois et l’emploi et la maîtrise budgétaire.

 

Vous avez de surcroît annoncé le gel de l’indexation des subventions APE pour le secteur public et marchand. Une mesure qui se traduira très concrètement par des licenciements, car les employeurs n’auront pas les moyens de compenser cette perte de recettes qui couvre exclusivement des charges salariales.

Ce qu’on a voulu, ‘est arrêter le fait du Prince, éviter que les ministres successifs aient droit de vie ou de mort sur ces travailleurs (souvent des femmes). Ici vous revenez aux bons vieux démons, il n’est pourtant pas si loin le temps où vous avez eu la palme du nombre de manifestations, employeurs et travailleurs réunis dans les rues de Namur. Errare humanum est, perseverae diabolicum ! 

 

Et ce, à l’heure où la Wallonie a plus que jamais besoin de créer de l’emploi. Ce n’est pas la moindre de vos contradictions !

 

J’en viens aux titres-services.

Vous souhaitez, là encore, réformer le dispositif, alors même qu’une réforme du secteur vient d’être menée.

 

Vous évoquez la révision du financement des entreprises agréées pour assurer leur pérennité.

Que visez-vous précisément ?

S’agit-il de répondre aux demandes de la fédération patronale Federgon qui souhaite augmenter de 40% le prix du titre payé par le client, pour accroître les dividendes de ses membres ? 

Voulez-vous rétablir les frais additionnels réclamés aux clients ?

Les 300 000 utilisateurs wallons ont le droit de savoir !

 

J’entends votre volonté de responsabiliser les demandeurs d’emplois… Mais il faut aussi — et surtout ! — créer de nouveaux emplois.

 

Et proposer des emplois de qualité, avec des conditions de travail et de rémunérations décentes.

 

Il s’agit de ne plus exiger des années d’expérience irréalistes. Et de proposer, comme en Flandre, que vous prenez sans cesse en exemple, des CDI plutôt que des intérims ou des CDD.

 

Or, quand vous évoquez la création d’emplois, vous nous parlez juste d’étendre les flexi-jobs ou d’élargir l’accès aux aides à l’emploi pour les employeurs, quel que soit le type de contrat proposé ! 
PRECARISER LE TRAVAIL
L’ARGENT NE PLEUT PAS DES MURS, quand on utilise de l’argent public, on doit le consacrer à des politiques de l’emploi ciblées et de qualité et pas à des bonus à la précarisation 

 

ÉCONOMIE

 

Atteindre 80 % de taux d’emploi, implique donc de créer 300 000 nouveaux emplois.

 

Et en 2017, quand monsieur Borsus est devenu Ministre-président, il déclarait, je cite : « La création d’emplois, c’est là le but légitime de tout gouvernement. Pour cela, il faut des mesures, des mesures fortes, des mesures économiques. » [1]

Monsieur Jeholet et votre parti avez tenu les rênes de l’Économie wallonne depuis sept ans, comment comptez-vous, aujourd’hui, créer 300 000 nouveaux emplois ? Quelles nouvelles politiques comptez-vous déployer ?

 

Le chapitre économique de votre DPR annonce en effet très peu de nouvelles mesures concrètes.

 

Vous n’êtes là non plus pas avares de généralités. Vous souhaitez, par exemple, « affirmer la position de la Wallonie comme leader en innovation circulaire »

Qui serait contre ? Mais l’explication tient en une demi-page… sans initiatives nouvelles !

 

Pas d’idées ni de propositions neuves pour dynamiser le commerce dans les villes qui en ont tant besoin.

Que ferez-vous pour soutenir les petits indépendants, les petits commerçants, qui peinent à survivre, et pour lutter contre les cellules vides qui se multiplient ? 

 

Vous n’accordez pas plus d’importance à l’économie sociale, qui représente pourtant 14 % des emplois wallons ! Et qui a montré sa résilience et sa capacité à créer de l’emploi (+6,2 %), avec une croissance plus importante que celle observée dans l’économie conventionnelle. 

 

Quant au renouveau industriel, vous n’évoquez que le dialogue entre le monde industriel et les autorités régionales via une plateforme de communication directe… mais qui exclut les syndicats !

 

MOBILITÉ

 

En matière de mobilité également, nous avons de nombreuses interrogations.

 

Vous nous présentez un catalogue de bonnes intentions… avec des lacunes sur des points essentiels.

 

Améliorer l’offre de transports en commun, optimiser le transport scolaire, repenser l’offre de transport collectif dans les zones rurales. Étendre et entretenir tout le réseau en ce compris les ouvrages d’art, tout en réduisant la durée des chantiers..., qui serait contre ?

 

 

Malheureusement, là encore, vous ne dites à aucun moment comment vous comptez mettre tout cela en œuvre, ni comment vous allez le financer.

 

Et ce ne sont pas les recettes de l’hypothétique vignette chère aux Engagés qui permettront de le faire. Cette vignette ne nous est d’ailleurs annoncée que pour la fin de la législature, nonobstant les obstacles multiples que les experts viennent encore de nous rappeler.

Comment comptez-vous les surmonter ?

Voulez-vous seulement les surmonter ? Ou s’agit-il, là encore, d’une déclaration d’intention pour satisfaire le partenaire Engagés.

 

L’ambiguïté persiste aussi sur la politique tarifaire des TEC durant cette législature.

Allez-vous maintenir la gratuité pour les jeunes et les seniors que nous avions instaurée ? Ou retirerez-vous cela aussi du pouvoir d’achat de nos concitoyens ?

 

Et qu’en sera-t-il des extensions du tram de Liège vers Seraing et Herstal, du développement du métro léger de Charleroi, et des Bus à haut niveau de service de Mons, Charleroi et Liège ? Toutes ces solutions de mobilité qui offrent une alternative à la voiture pour les habitants des grandes agglomérations. Faudra-t-il relancer l’émission des travaux inutiles de Monsieur Defossé parce que vous allez reboucher les travaux ou mettre au rebus les dépenses qui ont été consenties.

 

Pour terminer sur la mobilité, vous annoncez une baisse de la taxe de mise en circulation (TMC) pour les voitures électriques, mais dans un cadre budgétairement neutre.

Notre question est donc : qui va payer plus cher sa TMC ?

Sans surprise, ce seront les ménages qui n’ont pas les moyens de s’offrir une voiture électrique, qui reste toujours trop chère pour la majorité ! La classe moyenne est le dindon de la farce ! 

 

POUVOIRS LOCAUX

 

En matière de pouvoirs locaux, même s’il faut saluer la poursuite du plan Oxygène (heureusement là que Monsieur Prévot était autour de la table) et votre volonté de défendre les intérêts des communes au fédéral, dans la continuité de ce que nous avons fait, nous n’en sommes pas moins très inquiets pour ces pouvoirs de proximité, leur personnel et les services qu’ils assurent aux citoyens.

 

Tout d’abord parce que vous ne vous engagez pas à la neutralité budgétaire des mesures régionales sur les finances locales. C’est pourtant fondamental !

Ensuite parce que vous annoncez le gel de l’indexation des subvention APE. 

On ignore aussi toujours quels seront les paramètres d’évolution du fond des communes et l’impact de sa réforme, qu’on nous annonce sans préciser l’objectif poursuivi ?

 

De même, quelles seront les conséquences sur les CPAS de la limitation dans le temps des allocations de chômage ?

 

Que l’on ne s’y trompe pas, étouffer financièrement les communes aura un impact direct sur l’emploi et sur les citoyens, car les services seront réduits ! Et la fiscalité locale relevée !

 

C’est d’ailleurs l’objectif que vous semblez poursuivre en encourageant explicitement les communes à s’engager dans une fiscalité incitative, sous peine de ne pouvoir prétendre aux mesures de soutien régionales. 

 

Inquiets, nous le sommes également, quand vous nous annoncez la fin du statut des agents de la fonction publique locale.

 

Outre les craintes très légitimes provoquées chez les travailleurs, cette mesure aura de lourdes conséquences sur les cotisations de responsabilisation « pension » payées par les pouvoirs locaux pour leurs statutaires, puisqu’il y aura encore moins de cotisants. On entend déjà les inquiétudes de tous les bourgmestres qui ont des agents nommés dans leur ville ou commune.

 

Quant à la solution que vous préconisez pour atténuer les conséquences négatives de votre réforme sur la pension des contractuels, à savoir la mise en place d’un second pilier de pension, là aussi, seules les communes les plus riches pourront la financer. Ce que vous allez créer une fonction publique locale à deux vitesses.

 

La réforme des provinces, telle qu’annoncée, est aussi sources de multiples interrogations.

Entre une majorité des deux tiers que vous n’avez pas, et l’annonce d’une consultation populaire régionale inconstitutionnelle, nous sommes dans le brouillard.

« Notre gouvernement va agir avec méthode et précision », « l’erreur ne sera pas permise » disiez-vous monsieur le MP ? Ça commence mal…..

 

Comment une conférence des bourgmestres pourra-t-elle fonctionner, par exemple dans une province comme le Hainaut, qui compte soixante bourgmestres de villes allant de 5 000 à 200 000 habitants ?

 

Les socialistes ne sont jamais opposés à des rationalisations institutionnelles à tout niveau, mais encore faut-il en démontrer la plus-value pour le citoyen.

 

Pour nous, l’essentiel est de préserver les services à la population qui sont fondamentaux : en matière de santé, de handicap, de culture, d’enseignement obligatoire et supérieur, et de soutien aux communes. 

 

Quel est l’intérêt pour le citoyen de remplacer une institution qui fonctionne par un nouveau dispositif dont l’efficacité est déjà douteuse ?

 

 

FONCTION PUBLIQUE

 

Votre DPR mentionne vouloir une fonction publique moderne, efficiente, harmonisée, attractive, avec un management responsable. Des procédures simplifiées et accélérées, des fonctionnaires évalués et mobiles…

 

Nous pouvons souscrire à cela. Même s’il s’agit d’un copier-coller des DPR de 2017 et 2019 et de la feuille de route confiée aux ministres CDH et MR Alda Greoli et Valérie De Bue depuis sept ans.

 

Mais bien des points nous interpellent. 

 

Déjà, la DPR annonce la fin de l’objectivation du recrutement des hauts fonctionnaires, avec l’ouverture des emplois de fonctionnaires dirigeants à des candidats externes, et l’abandon de l’exigence du certificat de management public. Vous assumez donc la politisation du sommet de l’administration et le fait du prince. Dont acte ! Pour la bonne gouvernance, on repassera…. Vous avez parfois été forts pour faire la leçon aux autres mais visiblement sans vous l’appliquer !

 

Mais que dire de la mise à mort du statut des agents de la fonction publique régionale ? Le fondement-même du Service public ! Cela ne va-t-il pas surtout induire une dépendance des agents vis-à-vis du pouvoir politique ? C’est sans doute ce que vous cherchez. 

 

Nous ne sommes pas opposés à une optimisation du statut. C’était d’ailleurs une tâche confiée à la ministre De Bue. Mais le supprimer purement et simplement aura des conséquences négatives pour l’emploi public et pour la qualité du service rendu aux citoyens.

 

Le statut garantit l’indépendance du personnel, contribue à l’attrait de la fonction et assure une continuité et une stabilité indispensables pour un service public de qualité.

« Abandonner le statut ne contribuera pas de façon significative à une augmentation des performances de l’administration wallonne ». C’était la conclusion de madame De Bue devant cette Assemblée, en mai 2023. Nous nous rallions à son analyse… Pas vous, manifestement ! Les travailleurs dans la fonction publique sont souvent moins payés que dans le privé mais les avantages liés à la sécurité d’emploi sont des corollaires importants si on veut encore attirer des gens.

 

Derrière ces mots « rationalisation » et « simplification » se cachent trop souvent des réductions de moyens budgétaires et humains, ce qui va à l’encontre de l’objectif annoncé d’améliorer la qualité des services.

 

Les travailleurs et les travailleuses ne sont pas une variable d’ajustement ! On réforme avec les travailleurs et pas contre eux. 

 

À défaut, cet électrochoc annoncé sera source de désorganisation et de paralysie.

 

LOGEMENT 

 

Personne ne pourra nier qu’avec le ministre Collignon, il a été une priorité de la précédente législature.

 

Ce sont ainsi près de 2 milliards d’euros — dont 1,3 milliard pour la rénovation des logements publics — qui y ont été investis. C’est le budget le plus élevé dégagé depuis la création de la Région !

 

Vous êtes donc très avisés de poursuivre une série de dispositifs, comme la création de logements au-dessus des commerces, les partenariats public-privé, les prises en gestion par les AIS, le soutien aux nouvelles formes d’habitat et à la mixité sociale, ou encore le développement de kots à loyers modérés.

 

Mais, là encore, nous ne trouvons aucune indication quant au budget que vous affecterez à cette politique ; aucun objectif chiffré non plus en termes de logements d’utilité publique à créer ou à rénover.

 

Là où votre gouvernement donne plus d’indications sur ses intentions, c’est en ce qui concerne les conditions d’accès au logement social pour les locataires.

 

Et là où la brume se dissipe, on voit clairement que les locataires sociaux seront une cible ! 

Augmentation des loyers, obligation de déménager dans l’année en cas de chambre excédentaire, obligation de prouver des efforts d’insertion sociale et professionnelle pour conserver son logement, priorité aux candidats locataires qui travaillent, élimination de certaines aides qui, selon vous, « font double emploi », sans préciser lesquelles… Ils sont nombreux celles et ceux qui doivent trembler aujourd’hui à l’annonce de votre arrivée.

Et devons-nous vous rappeler que ce sont pour près de la moitié, des personnes âgées, des petits pensionnés à qui vous allez demander des augmentations de loyer ou de déménager ?

 

Mais la question qui se pose, c’est de savoir où les personnes que vous allez évacuer du logement social vont aller se loger.

 

Il reste 40 000 demandes sur les listes d’attente, et vous n’indiquez pas combien de logements accessibles vous comptez mettre dans le circuit…

Pas plus que vous ne prévoyez la moindre régulation du marché locatif privé.

Aucune mention non plus de la lutte contre la discrimination dans l’accès au logement.

 

Votre politique du logement est en soi une illustration de l’adage : Doux avec les puissants, fort avec les faibles. 

 

Lorsqu’il s’agit des marchands de sommeil ou de la lutte contre les logements insalubres, vous n’évoquez pas de sanction pour les propriétaires peu scrupuleux, mais à peine (écoutez la force du propos…) la mise en place d’une task force ou l’octroi d’incitants fiscaux.

 

ENVIRONNEMENT

 

Sur l’enjeu environnemental et climatique, vu ma volonté d’être nuancée, je ne dirai pas que vous avez jeté ces questions aux oubliettes mais le moins qu’on puisse dire c’est que ce ne sont pas vos grandes préoccupations.

 

Il y a cinq ans, l’environnement était le premier thème de la campagne électorale. Aujourd’hui, il n’est plus tendance. 

Vous l’appréhendez comme un phénomène de mode qui ne fait plus recette.

 

On s’interroge aussi sur l’ambition que vous avez en matière de biodiversité.

 

Si, en matière d’environnement, vous visez tout juste les objectifs européens ; ici, vous ne tentez même pas de les atteindre.

 

Je pense, en particulier, à l’objectif de 5 % du territoire wallon sous statut de protection fort, qui est loin de l’objectif de 10 % fixé par la stratégie européenne.

 

 

CLIMAT

 

En matière de climat, vous annoncez vouloir respecter les objectifs de neutralité et de réduction de 55 %…

Mais ce, tout en affichant votre scepticisme par rapport à la politique climatique incarnée par le plan « Air Climat Énergie 2030 ». C’est paradoxal.

 

Vous parlez de stabiliser, au niveau européen, les réglementations sous cette législature et de privilégier la technologie pour répondre aux défis climatiques. 

 

Comment devons-nous comprendre ces intentions ?

 

S’il s’agit de réaliser une « pause environnementale » et de tout miser sur la technologie pour répondre au défi du climat, ce sera nettement insuffisant.

 

ÉNERGIE

 

Concernant l’énergie, vous annoncez un GRD unique, là encore sans en préciser les modalités et la valeur ajoutée pour les citoyens. Sans considération non plus pour l’emploi alors que la fusion des GRD en Flandre a entraîné 1 000 pertes d’emploi. 

 

Surtout, vous n’avancez rien de concret quant à la lutte contre la précarité énergétique ou la maîtrise des prix de l’énergie pour protéger les classes moyennes.

Ce sont pourtant ces leviers qui permettent d’améliorer la qualité de vie des citoyens… de tous les citoyens.

 

La rénovation énergétique des logements est aussi un enjeu essentiel. Quelques mesures sont avancées mais leur mise en œuvre concrète est à peine esquissée. 

Il ne suffit pas d’annoncer une simplification et une rationalisation — même utiles — pour rendre un dispositif plus efficace et plus performant.

 

Ici aussi, nous sommes dans le flou… Mais on sent déjà votre orientation, puisqu’avec des incitants fiscaux, la réorientation vers des prêts et des mécanismes de tiers investisseurs, ce sont les ménages précaires ou ceux de la petite classe moyenne qui risquent ne plus être assez accompagnés dans la rénovation de leur logement.

 

RÉFORME FISCALE

 

Concernant la réforme fiscale, nous avons déjà détaillé nos grands doutes quant à votre capacité à la financer. 

 

S’agissant aux mesures proprement dites, si l’on peut saluer la diminution des droits d’enregistrement, il faudra attendre vos textes pour mesurer le réel bénéfice pour les acquéreurs. Puisque vous nous annoncez supprimer concomitamment le chèque habitat et l’abattement forfaire actuellement en vigueur, il faudra voir jusqu’à quel point le bénéfice sera contrebalancé par une perte… et pour quels publics. 

 

En tenant compte des revenus du bénéficiaire ou de la valeur du bien acquis, ces deux mesures visaient, en effet, à soutenir davantage les ménages de la classe moyenne aux épaules moins larges.

 

La mesure proposée ne semble pas inclure ces balises, le bénéfice sera donc d’autant plus important que le logement sera cher, et que le candidat propriétaire sera aisé. 

Et je vous donne  pour illustrer mon propos,

deux exemples chiffrés. 

 

Pour quelqu’un de la classe moyenne, une infirmière, par exemple, seule avec un enfant, avec un revenu de 55.000 € qui achète un appartement modeste de 150.000€. 

Avec votre réforme, elle gagnera certes 950 € la première année mais perdra plus de 17.000 € au bout des 19 années suivantes avec la disparition du chèque habitat.

 

Par contre, le couple d’ingénieurs avec deux enfants et un revenu confortable de 190.000 € qui achète une jolie villa d’une valeur de 600.000€ gagnera lui plus de 53.000 euros avec votre réforme dès la première année. Et après 20 ans, il conservera un bénéfice de 39.000 € malgré la disparition du chèque habitat. 

 

Une perte de 17.000 euros pour l’infirmière, maman solo mais un gain de 39.000€ pour le couple de cadres supérieurs. 

Idem la première année : un gain de 950 € pour celle qui a les épaules les plus étroites et de 53.000€ pour les autres. Voilà votre vision de la justice fiscale !  

 

Sur les droits de successions, leur réduction de moitié à l’horizon de 2029 aura un coût colossal, puisqu’on parle de 350 à 400 millions. Vous l’avez dit, vous vouliez faire mieux que la Flandre. Reste que les finances wallonnes ne sont pas celles de la Flandre…

 

En termes de justice fiscale, c’est interpellant, car des successions peu taxées conduisent à perpétuer des inégalités.

 

Rappelons également qu’acheter une maison ou hériter c’est très ponctuel dans une vie, et ce n’est pas pour tout le monde. En revanche, payer son loyer, l’abonnement aux TEC, ses titres-services, la vignette automobile, la taxe autonomie ou encore ses impôts locaux augmentés, c’est chaque année que cela se passe, et pour chacun !

 

Je pourrais encore vous interroger sur le renoncement à toute balise de négociation dans les accords commerciaux internationaux qui devrait inquiéter les agriculteurs pour l’avenir du dossier Mercosur par exemple.. Mais il est temps de conclure. 

 

CONCLUSION

 

Voilà, Monsieur le Ministre-président, les premières impressions, interrogations et appréhensions du groupe socialiste, qui sont celles de beaucoup de Wallonnes et de Wallons.

 

Beaucoup de questions, car votre déclaration de politique régionale est placée sous le signe de l’incertitude…

Et ne peut donc que générer beaucoup d’inquiétudes.

 

Comme si vos partis n’avaient pas largement assumé la responsabilité du pouvoir ces dernières décennies, vos présidents ont largement axé leur communication sur le fait qu’ils voulaient agir différemment du PS !

 

Or, détruire ce que l’autre a construit ne suffit pas à faire un bon programme de gouvernement.

 

Et, surtout, on ne construit pas un projet de société en opposant les gens et en désignant des boucs émissaires.

 

Le titre de votre DPR est l’agrégat des slogans de vos partis. Et je conviens de la différence avec nous : votre accord de gouvernement n’est ni solide  ni solidaire !

 

Vous promettez beaucoup… même si ce sera finalement beaucoup pour certains, une minorité, et très peu pour les autres.

 

Mais ces promesses, nous n’avons pas la moindre réponse sur la manière dont vous allez les financer.

Elles ne pourront être réalisées, nous l’avons dit, qu’en retrouvant 2,5 milliards d’euros d’ici la fin de la législature.

 

2,5 milliards d’euros, c’est 1 540 euros par an pour chaque ménage wallon !

Vous refusez d’expliquer aux citoyens comment ils paieront la facture, mais c’est clair : ce sont bien eux qui la paieront ! 

Et votre feuille de route nous indique déjà un peu comment quand on la dissèque …

 

-       Si vous supprimez la gratuité TEC pour les 18-24 ans, ils paieront 330 € de plus par an ; et les seniors, 32 €. 

 

-       Si vous suivez les volontés du patronat comme Federgon, les ménages pourraient payer 650 € de plus par an pour leurs titres-services, et 500 € de frais complémentaires, soit 1 150 € de pouvoir d’achat en moins pour les familles , les classes moyennes.

 

-       Si les loyers sont revus à la hausse pour les locataires sociaux, c’est un coup dur porté à leur pouvoir achat, avec à la clef plus de précarité. En ayant une pensée particulière pour les pensionnés et les personnes handicapées….

 

-       Idem pour les résidents en maison de repos.

 

-       Si vous mettez en œuvre la taxe autonomie et la vignette autoroutière, cela aura aussi un coût pour les Wallons. Même chose si vous relevez la fiscalité sur les voitures à essence ou au diesel.

 

-       Les familles seront aussi affectées par vos mesures en Fédération Wallonie-Bruxelles.

 

-       Et tous les citoyens seront aussi frappés par la hausse de la fiscalité locale que vous imposez aux communes en les asséchant financièrement. 

 

-       Et cela, sans même parler des personnes qui vont perdre leur emploi dans les services publics et dans les APE, ni des demandeurs d’emploi de longue durée que vous allez envoyer au CPAS.

 

Voilà donc le prix de vos promesses : faire payer les citoyens, et en particulier la classe moyenne, avec pour conséquence une perte de pouvoir d’achat et un affaiblissement des services à la collectivité. 

 

Rien n’est gratuit, monsieur le Ministre-Président !

Vous nous l’avez assez répété lorsque nous voulions renforcer l’accès aux transports en commun, à l’école, aux crèches ou à l’alimentation équilibrée pour ceux qui en ont le plus besoin.

 

Effectivement, rien n’est gratuit ! Et les cadeaux que vous annoncez pour certains, il faudra que quelqu’un les paye car ce ne sont pas les mesures sur les cabinets, les doubles casquettes anecdotiques, et les quelques rationalisations de structures publiques qui le feront.

 

Vous pourrez pressurer les services publics, insécuriser les fonctionnaires et les enseignants, ébranler le secteur non marchand et mettre au pain sec les acteurs associatifs qui vous déplaisent…

 

Vous pourrez précariser les APE, traquer les sans-emploi et les locataires sociaux et stigmatiser celles et ceux que vous considérez comme des assistés…

 

Vous pourrez rouvrir grand la voie de la dérégulation et de la privatisation qui ont montré durant les crises combien leurs conséquences étaient catastrophiques…

 

Vous pourrez détourner la tête des défis climatiques pour en reporter la dette sur les générations futures…

 

Vous n’en retirerez pas de quoi faire face aux impératifs d’assainissement budgétaire que vous voulez graver dans le marbre des tables de la loi néolibérale et, « en même temps », financer vos promesses électorales.

 

Ce que vous donnerez d’une main à certains qui ont les épaules les plus larges et la chance de pouvoir acquérir un logement cossu ou d’hériter sans effort, vous le reprendrez plus que largement dans la poche de tous, en démantelant les structures qui assurent la résilience et la cohésion de notre société.

 

La brutalité dont vous vous défendez, il ne faut pas gratter bcp le vernis de votre déclaration pour la trouver, vous la dissimulez aujourd’hui dans les nuages de l’imprécision…

Mais la réalité s’imposera vite, et la traduction de votre récit en mesures concrètes — au lendemain des élections locales bien sûr — aura tôt fait de lever les ambiguïtés.

 

Monsieur le Ministre-président,

 

Nous voyons naître le gouvernement des droites, libérale et conservatrice.

Je ne vous en fait pas grief, vous avez, dans cette assemblée, la majorité pour le constituer.

 

Les présidents de vos partis ne s’en sont guère cachés lors de la présentation de leur accord : vous allez gouverner pour certains… et, hélas, contre les autres.

 

Mais alors que l’avenir s’obscurcit pour bien des Wallonnes et des Wallons, et que la pluie des désillusions succédera bientôt aux nuages d’inquiétudes, les socialistes seront là !

 

 

Aux côtés de celles et ceux qui ne vivent pas de la rente ou du fruit de leurs héritages…

Aux côtés de celles et ceux qui ont besoin de s’unir pour défendre leur dignité et leurs droits, leur pouvoir d’achat et leur accès aux services publics, leur bien-être au travail et leur sécurité d’existence, tout au long de la vie.

 

Voilà le sens que nous allons donner à notre opposition : honnête et vigilante, studieuse et audacieuse, source de propositions proactives et combatives.

 

Pour tout cela, mesdames et messieurs, vous pouvez compter sur les socialistes !